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Nom du blog :
michelebraschi
Description du blog :
Réflexions et sensations.
Catégorie :
Blog Journal intime
Date de création :
04.10.2009
Dernière mise à jour :
11.03.2011

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Publié le 06/10/2009 à 22:04 par michelebraschi

Je me souviens du jour où l’on m’a dit que j’allai mourir.

Enfin « re-mourir » ou « mourir en bis », quand je vivais toujours, mais quand j’étais déjà mort.

 

Nous entrions.

Je suivais l’illustrissime médecin-professeur-docteur-chirurgien-plasticien-croquemort et golfeur à ses heures perdues le dimanche après midi quand il n’est pas chez belle-maman. Mes parents me suivaient.

La pièce était carrée, froide et blanche, avec des radios et des résultats de scanner accrochés sur ce tableau lumineux propre aux hôpitaux.

Peut-être un 3m sur 4 avec une grande fenêtre sur le grand coté, celui en face de la porte. Peu de meubles. Hormis ce tableau radiologique, il y avait un bureau rempli de paperasse de toutes sortes et, contre le mur opposé, un divan en tissu orange avec une fine table basse en hêtre et un siège qui semblait être un mix entre le divan et la table. Dès que je suis entré, ces éléments m’ont envoyés des images de pleurs, de déprimes, de peine et de désespoir. J’ai vu ces dizaines de gens qui sont passés dans cette pièce, se sont assis là et entendu la plus mauvaise nouvelle de leur vie.

Un moment sans parole. Je le redoutais. Je avais entendu ce vide tendu des douzaines de fois à la télé, ou dans mes maudits rêves. Puis, c’est arrivé.

« Asseyez-vous ».

Et merde…

Nous exécutions. En avançant vers ce divan orange, je me voyais en train de m’assoir. Un hologramme de moi me précédait et, pendant les fractions de seconde qu’il m’a fallu pour aller de la porte à l’entrée, j’ai vu le montage séquentiel de ce qui allait arriver. Sensation d’incontrôle totalement insoutenable.

 

Nous nous sommes assis. Nous nous sommes relevés. Nous étions mal assis. Surtout moi. Je sentais le divan me manger les fesses et extraire le peu de vie que mon corps tentais de garder.

 

J’écoutais :

« Monsieur Braschi. Votre intestin grêle forme un nœud autour de votre cœur et comprime les ventricules. »

Petite pause de suspense le temps que l’illustrissime rajuste ses lunettes au design minimal.

« Vous allez mourir. »

 

Mes parents ont fondu en larmes. J’ai ri nerveusement.

Je suis mort quelques fois après.

Un lundi 11, puis un vendredi 28 et la troisième fois un lundi 12.

Je l’ai senti passé. Je n’ai plus jamais été le même après cette rencontre. Même avant de mourir le lundi 11, j’étais mort. Cet épisode à changé ma vie.

 

Je me suis demandé si lorsqu’on vit en ne sachant pas que la mort sera là quelques jours plus tard, on vit réellement.

Vit-on réellement lorsqu’on croit ne jamais mourir ?

Est-ce ça « vivre » ? « vivre » signifie-t-il nier la mort ?

Et « vivre en étant mort » est-ce « vivre » quand même ?

 

Peu ont compris le fait que j’étais mort en vie. Il est vrai que la probabilité de rencontrer un mort en vie ne doit pas être beaucoup plus élevée que la probabilité de rencontrer une femme non dépensière…

 

Elle pourtant, Elle m’avait compris. Même si Elle avait voulu me quitter 2 jours avant que l’illustrissime ne fixe mes dates, Elle termina vite sa crise lorsqu’Elle appris les nouvelles. Je l’aimais tellement de mon vivant. Et je l’aime encore maintenant.

Je la vois encore de temps en temps maintenant, Elle a réussi à reprendre sa vie, Elle semble quasi-heureuse et j’espère ne pas l’avoir fait trop souffrir en partant, même si je sais qu’Elle a effleuré la déshydratation en me pleurant. Elle ne méritait certainement pas d’avoir un deuil à gérer. Je l’aime toujours. Elle me manque.

 

Je T’aime toujours et Tu me manques énormément.

 

La dernière fois que je t’ai vue complètement, c’était il y a quelques mois.

Je t’ai vue entrain d’attendre ton bus à la station. Ce n°4 qui, chaque jour, t’accompagne faire ta journée. Il avait du retard et tu stressais, tu ne pouvais pas arriver en retard ce matin-là. Réunion au programme. Que tu étais belle ! Comme tu l’as toujours été et comme tu l’es toujours d’ailleurs. Tu avais ce tailleur noir à fines lignes qui te va si bien, ton air de femme d’affaire endurcie autour de ton cœur tendre. Je t’aime. Et, même si je ne l’ai pas décidé, pardonne-moi d’être parti en te laissant là. Je n’ai pas su tenir ma promesse, je n’ai pas pu t’épouser comme je te l’avais promis ce mercredi après-midi, sur le muret de l’école, il y a déjà quelques années. Tu avais souri en me disant qu’on était jeunes et que la vie nous réservait parfois de drôles de surprises. Tu avais raison. Comme toujours.

6 minutes de retard, ton bus. Et les bouchons du centre-ville en prime. Je sentais ta colère et ton stress monter au fur et à mesure que les secondes tournaient sur cette montre suspendue à tes yeux. Je me souviens de cette montre. Quelle histoire. Je te l’avais offerte de l’autre côté du monde, quand la vie et l’insouciance remplissaient mes poumons. Nous avions couru pour ne pas rater le car qui repartait du magasin américain. Tu étais heureuse et j’étais heureux de te voir heureuse.

Te voilà arrivée, tu avais 15 minutes de retard. Tu as couru, enfin, tu as fait une tentative de course… Tu n’aimais toujours pas ces talons trop fins. Ton porte-document au bras, tu as bousculé un peu de monde pour gagner du temps. Les escaliers du bureau, tu les as escaladés 3 par 3. J’ai même été surpris. Tu es ensuite arrivée à l’étage des bureaux et de votre salle de réunion. Encore quelques mètres mais le couloir principal était assez peuplé. Tu as poussé une secrétaire puis, en t’excusant auprès d’elle, tu as senti quelque chose qui arrivait de devant. Un choc. Tes documents à terre.

« Oh, excusez-moi, Mademoiselle, je vais vous aider à les ramasser ».

Il fallait que ça arrive, un jour ou l’autre.

« Je m’appelle Jack. Je travaille à l’étage en-dessous ».

Tu as souris.

 

Etrangement, toute la rage qui serait sortie de mes veines et de chacun de mes pores de mon vivant, s’est dissoute en une sorte de quiétude inexplicable et qui, d’ailleurs, est restée inexpliquée.

Je t’aime toujours, ma princesse, mais je n’aurais pas supporté de te voir vivre ta vie en pensant à un mort. Depuis l'épisode de ce jour-là, je te vois par épisodes justement. Je continuerai toujours à te voir car tu ne m’oublieras jamais mais de manière plus espacée, car ma mort doit prendre de moins en moins de place dans ta vie. Je ne me fais aucune illusion et je suis même heureux que ça se passe ainsi. Donne-moi de tes nouvelles et sois heureuse avec lui comme j’aurai voulu que nous le soyons ensemble.